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Exocé : « je suis celui qui exauce les souhaits »
Exocé (c)Mohammed Awad Mustafa

Exocé : « je suis celui qui exauce les souhaits »

Designer de mode no-limit, performer habité, plasticien hybride, Exocé se nourrit des lumières d’Afriques, celles allumées par Fela ou Sun Ra. Artiste et messager en mission, il déploie son univers afro-cosmique avec une création multiforme sur le Nyege Nyege Festival, le 14 juillet. Présentations éclairées.

Artiste pluridisciplinaire, danseur et performer, Natisa Exocé Kasongo est né en 1995. Il vit et travaille à Berlin. « Comme disait Sun Ra, une de mes plus grandes sources d’inspirations, je suis le rêve de mes ancêtres » confie Natisa Exocé Kasongo. « Sun Ra liait spiritualité et art. L’un ne va pas sans l’autre. La création nous lie à Dieu. Nous sommes la création, et la création est en nous. À l’instar d’un Cheikh Anta Diop, Sun Ra est parvenu, par sa philosophie et sa sérénité, à donner une image nouvelle de l’Afrique. Il m’inspire de façon infinie. » 

Proche du mouvement moderne Afrofuturiste, Exocé sait également regarder dans le rétroviseur : « je suis congolais. Et dans mon pays, durant de très nombreuses années, nous avons été empêchés d’être qui nous sommes. La conversion au christianisme va, dès le quatorzième siècle, nous éloigner de nos traditions. Aujourd’hui, j’ai la possibilité de vivre la vie que je souhaite, j’ai la possibilité d’être qui je suis en quelque sorte. Ainsi, en tant qu’artiste et performer, j’opère un retour au patrimoine culturel de mon pays. »

« Danseur, plasticien, je m’inspire de mon héritage ancestral. C’est ce leg, cette spiritualité qui m’inspirent, me nourrissent, me poussent à créer. Il est ici question de recherche, ainsi que d’une quête, également identitaire. »

Pour PAM, Exocé a laissé dériver son imaginaire : il a ainsi réalisé toute une série de collages, qui convient à la table de son festin nu le “Positive Mental Attitude” des hardcoreux rastafariens des Bad Brains, les musiques rituelles tunisiennes ou l’iconographie de Fela : « figure musicale célébrée bien au-delà du Nigeria, Fela, en fin stratège Pop, avait pris soin de bâtir un panthéon visuel, destiné – entre autres –, à frapper fort les médias » explique Exocé. « Ses costumes de scènes, ses covers saturées, les styles de ses choristes ou de ses danseuses, jusqu’à sa collection de slips bariolés… Musical et politique, la rébellion afrobeat fut également portée par un muscle esthétique des plus puissants. Comprendre le chemin arpenté par Fela Anikulapo Kuti avant qu’il ne crée l’Afrobeat, c’est aussi se plonger dans une iconographie incendiaire. C’est que ce j’ai, par exemple, mis en scène dans The Fela covers combination. »

« The Fela covers combination », une création de Kasapio / Exocé

Avec Punk is Roots, Exocé questionne et replace le considérable apport des communautés afro-descendantes sur la mouvance punk, une scène jugée bien trop hâtivement comme blanche : « si le mohawk arboré par les punks anglais dans le Londres des 77’s est devenu légendaire pour sa portée transgressive, alors que dire des chevelures afro, systématiquement tondues par les colonisateurs ? Et si Fela, et ses nombreuses incarcérations, n’était-il pas le punk originel ? À moins que ce ne soient les membres de Death, trio noir de Detroit qui préfigurait les premières rythmiques punk, et ce, dès 1971 ? Et puis n’oubliez pas que le plus grand groupe de hardcore new-yorkais de tous les temps était rastafari ! »

« Ces créations sont des portes, des portails pour éduquer et s’éduquer. Avec des figures en lutte comme Fela ou la confiance d’un Sun Ra. J’aime la liberté, totale, prodiguée par le collage d’images, j’aime la liberté de sa technique, tout comme de ses accidents. Dans le collage, tout est possible, je n’ai pas de limites, il n’y a pas de jugements, que des choix. Je peux aller là où je le souhaite, j’adore ça. C’est une discipline idéale pour traduire mon univers afro-cosmique. » 

« Avec ma marque de vêtement, Kasapio, je déploie une autre façon de communiquer » confie le plasticien. « Je suis congolais, et nous avons la sapologie en nous. Kasapio, c’est l’esprit du vêtement humain. Le mot Kasapio est d’ailleurs un syncrétisme entre le Ka, l’esprit, l’énergie spirituelle qui composent ensemble l’être dans l’Égypte antique, la sape et sapiens… Kasapio, c’est de l’art à porter, de l’art en mouvement. Ces créations, leur coupes ou les couleurs utilisées contiennent des messages et racontent des histoires. Kasapio, c’est une façon de mettre en perspective toutes les connaissances métaphysiques que la culture afro a apporté à l’humanité. »

Kasapio au Renaissance Show, Berlin, le 25 juin dernier

Une métaphysique de la danse, de la transe, de la création qui innerve l’œuvre hybride, bouillonnante d’Exocé : « nous ne sommes que des messagers du monde spirituel. Tout ce qui s’opère dans le monde spirituel a un impact sur le monde matériel. L’inverse est vrai aussi. Les forces cosmiques nous font et nous défont. J’essaye d’être un canal, de m’initier encore plus profondément à ma connexion. Je me sens guidé, et je dois comprendre pourquoi. Lorsque j’aurais encore mieux compris pourquoi, j’ouvrirais encore plus de portes. » 

Elles s’entrouvrent ici et maintenant, avec un défilé, une performance, cette première collection ainsi qu’un accrochage inédit, présenté main dans la main par PAM et le Nyege Nyege Festival, le 14 juillet à Aubervilliers.

Exocé présente Kasapio, défilé, performance, exposition et afro-merch

Où ? Au Point Fort d’Aubervilliers (métro ligne 7, Fort d’Aubervilliers).

Quand ? le 14 juillet, de 14H à 01H du matin

Comment ? en achetant votre billet ici.

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